Le syndrome Copernic. Henri Loevenbruck

syndrome copernic. Couv

Ma grande joie dans cette lecture a été qu’elle se termine. Car oui, ce livre m’a profondément ennuyée. L’histoire : Vigo Ravel est schizophrène, il fait un boulot pas marrant dans une des grandes tours de la Défense ; quand soudain, c’est le drame : un attentat monstrueux dans ladite tour. Vigo s’en sort, c’est le seul survivant mais ce qui lui pose un gros problème existentiel c’est qu’il s’en est sorti grâce à une hallucination auditive qui lui a permis de quitter la tour avant son effondrement. Bon, jusqu’ici, tout va bien, on se dit qu’on est en plein polar, qu’on va se retrouver le terroriste qui a fait ça et qu’à coup sûr, super Vigo va sauver le monde. Sauf que non, pas du tout, on part pour 500 laborieuses pages dans lesquelles Vigo va se rendre compte qu’en fait il n’est peut-être pas autant schizo que ça, et que, éventuellement, c’est peut- être une machination des grands méchants qui dirigent le monde et que ouf il va tomber sur des gentils hackers qui vont l’aider à démêler le vrai du faux (que toi, lecteur, tu comprends à la page 67 mais que Vigo, lui, pas du tout).

Je vais être gentille, je vais dire que reprendre platement les personnages de Millenium pour décrire les personnages des hackers est un vibrant hommage à Stieg Larsson et que faire de la philosophie de bas étage, du Jean-Paul Sartre pour les nuls, du concept de l’altérité vu par Dora l’exploratrice, voir, vu par son fidèle Babouche, est une mignonne tentative d’éducation des masses mais c’est un chouïa trop voyant… (Je ne résiste pas à l’envie de vous citer cette phrase magnifique : « On ne peut pas échanger ce qui est identique mais plutôt ce qui est différent », toi, oui toi qui passeras peut-être le bac en 2014, n’hésite pas à la recaser, tu n’auras pas forcément ton diplôme mais tu te retrouveras à coup sûr dans les perles du bac).

Voilà, voilà, un livre qui m’a fait le même effet qu’une intégrale de Guy Beart, la musique en moins.

Mais bon, ce n’est que mon avis. Comme je suis une grande kamikaze, je vais enchainer sur le dernier Nothomb.

Bonne semaine à tous !

Éditeur : J’ai Lu
EAN : 9782290006511
Nombre de pages : 509 (de trop)

Citations :

  • L’invention du langage est le plus bel aveu de notre incapacité à nous comprendre.
  • Ne rêvez pas: Moi est inaccessible. Et je ne dis pas ça pour me vanter. C’est comme ça, c’est dans l’humain.
  • Tant que l’autre restera autre, nous serons les victimes d’une éternelle intercommunicabilité.

La quatrième de couverture :

Un matin d’été ordinaire, trois bombes explosent dans une haute tour du quartier de la Défense. Toutes les personnes qui étaient entrées dans le gratte-ciel périssent dans l’effondrement. Toutes, sauf une. Vigo Ravel, quelques minutes avant l’attentat, a entendu des voix dans sa tête qui lui ordonnaient de fuir. Et il a survécu. Il comprend alors qu’il détient un secret qui pourrait changer la face du monde. Mais il ne suffit pas de connaître un secret, si grand soit-il. Encore faut-il en comprendre l’origine. Qui sont ces hommes qui le traquent ? Quelle énigme se cache derrière le Protocole 88 ? Que signifient les voix que lui seul semble pouvoir entendre ? Il est des mystères qui valent tous les sacrifices. Même celui de l’âme.

jean-paul Sartre        Versus                   cache-cache-dora-babouche

La faculté des rêves. Sara Stridsberg

La faculté des rêves. Couv

Valérie Solanas était une femme étrange. Féministe radicale dans les Etats-Unis des années 70, elle fut surtout connue pour avoir tenté d’assassiner Andy Warhol en 1968. Elle vivait dans ses extrêmes, voulait éradiquer le genre masculin mais a vécu un temps de la prostitution, vouait une admiration féroce à Warhol mais a tenté de le tuer, se voulait libre mais est tombée dans la toxicomanie. Une femme sans repères, passionnée, qui vivait aux confins de la folie. Sara Strisberg propose une  biographie de ce personnage hors norme dans ce texte à l’écriture aussi hachurée et non linéaire qu’était la vie de Solanas. On alterne entre des moments biographiques classiques et une immersion dans la pensée tourmentée du personnage. Cet éparpillement laisse au lecteur le soin de construire le puzzle de la vie de Valérie Solanas.

J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce texte, je ne me suis pas prise au jeu peut-être à cause du peu d’empathie que m’inspirait la vie de cette femme, qui n’a pas su exister pour elle seule et s’est perdue dans des idéaux et des passions. Une façon de s’annihiler dans ses rêves et de fuir la réalité

Éditeur : Le livre de Poche
EAN : 9782253156611

Citations :

  • Andy tient sa perruque argentée contre son cœur en guise de protection. Des secondes comme des douleurs comme de la neige brûlante dans ton cœur et la pièce qui se transforme en océan de voix autour de toi. Il y a Dorothy, Cosmogirl, Silkyboy, Sister White.
  • J’ai détalé. J’ai couru dans le désert comme une dératée. Je n’ai jamais retrouvé le chemin de la maison. Tout n’était qu’une seule et même accumulation de requins bleus et froids. J’étais une enfant malade. Je désirais retrouver Louis. Retrouver cette électricité, cette sensation de gaz carbonique dans les jambes et dans les bras. Il était impossible de m’aimer. J’ai marché dans le désert. Il faisait clair, c’était lumineux et solitaire. J’ai pris mes affaires et je suis partie à jamais. Tout en moi criait : le cœur, Dorothy.

Lu dans le cadre du Challenge « Jacques a dit » du mois de juin de Métaphore.

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Une semaine de vacances. Christine Angot

Une semaine de vacances Couv

Je ressors un vieux dossier, certes ; ce roman était paru à la rentrée littéraire de cet automne. Le temps a fait son œuvre, les débats à vif sont passés.

Avant de vous donner mon avis, je remets ma lecture dans son contexte : j’ai pu lire Une semaine de vacances bien avant sa parution. Je n’étais donc pas avertie du sujet.
J’ai donc commencé ma lecture… des scènes de sexe, d’accord, je ne suis pas bégueule et j’avais lu tous ses livres précédents. J’ai continué à lire jusqu’à comprendre. Et là, je ne suis plus vraiment d’accord avec le procédé. Pas sur le fond, non, vraiment le procédé. Je l’ai vécu comme une prise d’otage. J’aurais aimé être prévenue, au cas où je n’aurais pas envie de me retrouver dans une chambre où un père viole sa fille.
L’éditeur ayant savamment entretenu le mystère, il était impossible d’imaginer avoir un Inceste 2, version détaillé.
Une fois n’est pas coutume, je vous propose de lire ensemble la quatrième de couverture :
Christine Angot a écrit ce court roman comme on prend une photo, sans respirer, sans prendre le temps de souffler. En cherchant la précision, en captant l’instant et le mouvement. Ce n’est pas à nous lecteurs de vouloir en connaître l’élément déclencheur, peu importe de le savoir. On s’aperçoit vite en le lisant que le texte possède en lui-même le pouvoir d’agir avec violence. Il suscite des sentiments dont l’angoisse ne peut être évacuée.
Il provoque le saisissement par lequel on reconnaît un des pouvoirs de la littérature : donner aux mots toute leur puissance explicative et figurative, plutôt que de s’en servir pour recouvrir et voiler. C’est comme si l’écrivain levait ce voile, non pas pour nous faire peur, mais pour que l’on voie et comprenne.

Je m’arrête sur la dernière phrase ; je pense que le lecteur avait très bien compris avec L’Inceste (qui est, en passant, un chef d’œuvre). Que la force de L’Inceste  résidait justement dans ses ellipses.
Seule la dernière page est touchante, on sent toute la détresse du monde qui s’abat sur cette gamine.
On comprend la démarche d’Angot, elle filme, nous colle le nez à la vitre, mais alors qu’elle qualifie son livre de récit et non de roman. Le changement d’intitulé permet au texte de s’identifier auprès du lecteur; et si ce livre est un roman il est alors une obscénité stérile.

Il n’est pas nécessaire d’assister à une amputation pour comprendre un unijambiste.

Editeur : Flammarion
EAN : 9782081289406

Pas de citations.

Barbe bleue. Amélie Nothomb

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Amélie Nothomb écrit des livres comme j’arrête de fumer : tous les ans. Comme mon sevrage, je commence ses nouveaux romans avec plein d’espoir, et, comme mon sevrage, je craque assez rapidement.

Pour avoir rencontré l’animal, je dois admettre que cette femme est stupéfiante. Pas seulement pour sa résistance au Champagne, mais aussi pour sa finesse, sa culture et sa mémoire phénoménale (non, ce n’est pas un mythe). C’en est d’autant plus rageant. Les idées de ses romans – ici, elle revisite le conte de Perrault – sont originales mais tout s’effondre assez vite. C’est plaisant c’est certain, ça sort au moment des derniers verres de rosé aux terrasses ; ce qui accompagne royalement la lecture du dernier opus de notre Belge quasi-nationale, mais ça s’oublie aussi vite que c’est lu.

L’œil qui fume pratique le snobisme intellectuel ? Peut-être. Les adorateurs de la graphomane à chapeau peuvent se dire qu’après tout, il fume encore…

Editeur : Albin Michel
EAN : 9782226242969

Citations :

A quoi bon être riche si ce n’est pour boire d’excellents champagnes ?
Vous qui êtes obsédé par l’or, ne savez-vous pas que le champagne en est la version fluide ?

A celui qui veut écrire, offrez peu de papier. Au cuisinier en herbe, proposez trois ingrédients. Aujourd’hui les débutants de tout poil reçoivent une débauche de moyens. Cela ne leur rend pas service.

Tomber amoureux est le phénomène le plus mystérieux de l’univers. Ceux qui aiment au premier regard vivent la version la moins inexplicable du miracle : s’ils n’aimaient pas auparavant, c’était parce qu’ils ignoraient l’existence de l’autre