Houuuu… Je sens venir les critiques…
L’œil qui fume a pourtant trouvé un livre digne de son nom : « Au temps béni de la clope au bec » (Edition Hors Collection). Oui, il y a eu un temps béni de la cigarette. Celui que décrivait Annie François (mais si, vous connaissez son fabuleux livre « Bouquiner ») dans « Clopin-Clopant », celui de Maigret et son tabac gris, celui de « la guerre des boutons » dans lequel des gosses de dix ans allument leur clope.
Je sais qu’avec ce genre de billet, je vais être condamnée au visionnage de vingt ans de campagnes anti-tabac (au mieux), être bannie à vie de la blogosphère pour incitation au vice (au pire). Ou l’inverse.
J’ai acheté ce livre parce que J’ADORE FUMER (« Boooouuuuhhhh » hurle la foule*), que lire sans cigarette c’est pour moi comme faire du sport, entendre les arguments de la manif pour tous, écouter du Wagner : une torture.
Cela vous hérisse ?,
Sachez que de 1- A ce rythme, je ne vous coûterai pas cher en retraite,
et que de 2- C’est mon blog, je fais ce que je veux 😉
Voilà, voilà…Parlons du livre, enfin plutôt de l’album illustré qu’est « La clope au bec ». Il retrace essentiellement les us et coutumes des fumeurs des années 50 aux années 80. Parce qu’après, c’est l’hallali. C’est magnifiquement illustré de campagnes de pubs d’époques (Ah ! la fameuse et pas du tout sexiste « Une femme, un pull, une pipe »). On se souvient que la panthère rose fumait, que Lucky Luke fumait, que Marlène Dietrich, André Malraux, Alice Sapritch (dans l’ordre de déchéance physique) fumaient. Que dans le paquetage du troufion, il y avait des paquets de Caporal, que lorsqu’on était vraiment fauché, on s’achetait des P4.
Moi-même du haut de mes 29 ans et demi (hum), je me souviens des cendriers dans les cars scolaires et d’avoir fumé en cours à la fac (seule raison valable de suivre les cours d’ancien français d’ailleurs).
C’est terriblement nostalgique, pas tant pour la cigarette mais plutôt pour ces trente glorieuses qui furent aussi celles de la clope. Elle a eu son âge d’or quand tout était à reconstruire puis que tout était permis. Je ne suis pas sûre qu’une époque qui autorise Monsanto mais interdise le tabac soit garante de notre santé et de nos libertés…
La prochaine fois, promis, je vous parle de littérature.
D’ici là, un aparté :
A la question du pouvoir d’inspiration sarcastique que lui a inspiré son cancer, Pierre Desproges a répondu :
– Jeune homme de bonne famille,
D’abord, j’ai arrêté de penser. Il y a bien longtemps. Ça perturbe mes neurones déjà considérablement malmenés par la téquila de la veille au soir. Inutile de leur en infliger plus, ils n’ont pas besoin de cela. Et puis, il est bien connu que la chimio décime un peu plus les rangs de ces besogneux de l’intelligence. Alors, c’est décidé, dès les premiers symptômes, je les noie dans le formol.
Le cancer? Malheureux! Parles pas de ça, ça porte malheur.
Bon, trêve de conneries. Surtout que Priscilla arrive, elle va encore me reprocher de lui piquer ses bons mots. En effet, j’ai arrêté de fumer il y a bientôt 10 ans. Ça arrive. Oui, je fumais un peu: deux paquets de Gitanes Maïs sans filtre par jour. Passeport cylindrique pour Villejuif. Alors j’ai arrêté. Surtout que je suis monogame, alors vous comprenez, les gitanes, surtout par paquets…
Mais pas Priscilla, à mon grand désespoir. Je veux dire: Priscilla n’a pas arrêté de tirer sur la tige… pouf, pouf, de fumer, pardon. Donc, pendant ces environ 10 ans, je l’ai régulièrement envoyée chez différents chamans pour lui passer l’envie de se saturer les poumons de jus de Camel. Voyant l’infructuosité des résultats obtenus, je lui ai demandé si elle n’avait pas peur de se choper un crabe mal placé. Ce à quoi elle a répondu: «De toutes façons, j’aurai pas le cancer, je suis contre.» Et c’est moi qui l’ai eu. Tout récemment. Dieu, si je tiens ton inexistence, je te le ferai payer.
Vous comprenez donc que c’est l’idée du cancer qui me travaillait. Pas le cancer lui-même, je crois que je n’aurai pas le temps d’en profiter. Réfléchissez: dans mon premier spectacle, je disais: «J’ai pas d’cancèreuh, j’ai pas d’cancèreuh…». Je ne l’avais pas. Même si j’en ai tant ri, je n’en avais pas. À tel point que l’on croit maintenant que je l’ai porté toute ma vie.
Cela fait si longtemps maintenant que j’attendais mon cancer. Me voilà rassuré, je vais partir avec lui.
Pierre Desproges
* : Oui bon, pas vraiment la foule mais au moins les douze personnes qui suivent ce blog (Merci à elles). |